• Les Ombres Fantomatiques / Modèle : Charlotte Pluss / 2012

    Tiens, c'est qui, ça? Une femme? Un homme? Elle est bizarre, cette vitre, opaque, comme ça; certes, elle laisse passer la lumière, et nous ne sommes pas visibles de l'extérieur, mais bon, à chaque fois que des gens s'appuient, on dirait qu'on a affaire à des radiographies... Et on finit par se tordre l'esprit pour chercher de qui il s'agit...

    Bon, allez, il faut que je me concentre, le travail ne va pas se faire tout seul...

    ... Oui, mais quand même...

    Elle a quand même une drôle de position, cette personne... Au début, je croyais qu'elle cherchait à voir à travers la fenêtre, qu'elle voulait savoir qui était derrière, mais en fait, elle n'appuie pas son visage. Ce sont ses cheveux, là, non? Fatiguée? Sauf qu'elle n'a fait aucun bruit, en s'appuyant. Et elle a une position sacrément tordue, en même temps... Aïe, elle doit être souffrante, pour se tenir comme ça !

    Il faut que je sorte voir si elle a besoin d'aide. Vite !

    ..."Je peux vous aider, madame?"

    Ah...

    Ah non, en fait !

    C'est la contorsionniste du cirque !

     

     

    Ce petit texte participe à l'atelier écriture proposé par le blog Bric à Book.


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  • shoes

    Enfin, me voici dans le métro; c'est vrai que c'est plus long pour moi de parcourir tous ces couloirs, mais quand je suis dans la rame, j'ai souvent une place assise. Est-ce que les gens se mettent à ma place? Est-ce qu'ils se rendent vraiment compte de ma fatigue possible? Pas sûr. Mais ils me laissent m'asseoir.

    Pour autant, assis ou debout, j'ai un même angle de vue sur les personnes qui m'entourent. Que de genoux différents ! En jupe et collants ou en pantalon, c'est selon; habillés ou nus, fins ou dodus, droits ou tordus, chez certains on n'en devine que les contours, aucun ne se ressemble, je n'en aurai jamais fait le tour !

    Nous sommes tous semblables, et pourtant si différents; Eux supportent les odeurs corporelles du haut... moi de plus bas. Pas au niveau des genoux, non, ni des pieds, heureusement ! Mais bon, je ne vous fais pas un dessin, certains feraient bien de ne pas autant se négliger au niveau du bassin. Eux voient chez les femmes les seins, et moi de mes congénères l'éventuel embonpoint.

    Aux arrêts, lorsqu'ils montent ou descendent, ils jouent des coudes, moi des épaules. Je grimperais parfois bien sur les leurs, histoire d'y voir plus clair. Plus haut que toutes ces têtes qui me cachent la lumière et le nom des stations.

    Certains ont une haute estime d'eux-mêmes, d'autres ne voient que leur nombril, d'autres encore ne m'arrivent pas aux chevilles. Parfois ce sont les mêmes.

    Car la grandeur d'âme ne dépend pas forcément de la taille. Un exemple? Tous ont un point commun: leur regard me frôle, m'évite, et se porte plus loin. De moi, le nain.

     

     

    Ce petit texte participe à l'atelier écriture proposé par le blog Bric à Book.


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  • new york

    Fini ! C'est inouï, cet être, que je croyais exquis et me fis dire "et si...?", est devenu aigri, et impoli avec mes petits. Rien ne nous lie - pour être précis, il n'est ni père ni mari -, il médit de mes amis, il m'ennuie et me nuit, je flétris et me ternis avec lui.

    Il n'avait plus de sursis.

    Ce mardi, en pleine nuit, j'en ai pris mon parti en même temps qu'un taxi. J'ai fui les ennuis et ce pays qui m'avait accueillie pour une période indéfinie. J'ai fui sans bruit ni conflit: rien ne lui fut dit de mon dépit, il n'aurait ni compris ni admis tout ce que j'ai ressenti.

    Mercredi midi, dans le Midi : j'ai réussi ! Je construis un nouveau nid et, ceci n'a pas de prix, je reprends goût à la vie, et eux aussi. Oh oui !

     

    Ce petit texte participe à l'atelier écriture proposé par le blog Bric à Book.


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  • Atelier d'écriture (2)

    Quand même, ils sont fous, les gens. Vivre sous terre, comme ça, et dans l’bruit, en plus. La plupart font que passer, c’est sûr, d’une rame à l’autre, d’la maison au boulot, mais quand même. Ils prendraient l’bus, au moins y verraient l’soleil, ’fin au moins la lumière du jour, quoi.

    Moi j’y passe mes journées, sous terre.

    Enfin, faut d’tout pour faire un monde, qu’elle disait ma mère. Et quand les gens viennent me voir, c’est qu’ils en peuvent plus, qu’ils ont pas l’choix, et pourtant, ni bonjour ni au r’voir, j’suis comme pas là, pour eux. Si y savaient, si j’étais pas là, dans quel état ce s’rait ici, au moins ils m’regard’raient, ils m’remercieraient p’t’être, même. Des fois ils m’font un p’tit sourire, mais ils sont trop pressés, les gens, ils pensent plus à prendre le temps, même quand ils s’soulagent ici, faut qu’ils aillent vite. Des fois qu’ils loupent la rame, sûr’ment.

    Tout ça pour s’entasser avec les autres, dans l’bruit et la chaleur étouffante.

    Ils courent après l’temps, l’argent aussi sûr’ment, après l’bonheur, j’suis sûre.

    M’est avis qu’ils vont trop vite.

    Mon boulot est pas terrible, c’est sûr, mais j’suis bien contente d’avoir juste à r’monter l’escalier pour revoir le jour après l’boulot. Pour marcher le long des rues jusqu’à mon tout p’tit chez moi.

    Et pour voir les sourires d’mes mômes en arrivant. C’est ça, l’bonheur.

     

     

    Ce petit texte participe à l'atelier écriture proposé par le blog Bric à Book.


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  • Atelier écriture (1)

     

    Journée terminée, enfin ! Debout depuis 4h ce matin, deux heures de transport pour commencer, attraper le premier train de banlieue, le métro suivant, changement, second métro, enfin, RER, jusqu’au terminus, celui-là.

    Et en début d’après-midi, après le service du matin, la caisse au déjeuner, encaisser les critiques des consommateurs – rapport au prix et à la qualité « on sait bien que vous n’y êtes pour rien, mais vous êtes en bout de chaîne », encaisser aussi les pourboires des chauffeurs de taxi, après tout ceci, entamer le trajet du retour, c’est parti pour deux nouvelles heures, deux changements, ou plus si je m’endors. Ne pas m’endormir, ne pas somnoler, garder les yeux ouverts, oh allez, si je les ferme juste une seconde…je ne vais quand même pas m’endorm….

     

     

    Ce petit texte participe à l'atelier écriture proposé par le blog Bric à Book.

    C'était ma première participation.

     Le principe de cet atelier ?

    Chaque mardi  Leiloona publie une photo qui servira de base pour un texte. Nous avons une semaine pour l’écrire.

    Ni genre, ni ton imposés. Seul le plaisir d’écrire. Encore et toujours.


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