-
Et t'as pas parlé des chaussures !
Enfin, me voici dans le métro; c'est vrai que c'est plus long pour moi de parcourir tous ces couloirs, mais quand je suis dans la rame, j'ai souvent une place assise. Est-ce que les gens se mettent à ma place? Est-ce qu'ils se rendent vraiment compte de ma fatigue possible? Pas sûr. Mais ils me laissent m'asseoir.
Pour autant, assis ou debout, j'ai un même angle de vue sur les personnes qui m'entourent. Que de genoux différents ! En jupe et collants ou en pantalon, c'est selon; habillés ou nus, fins ou dodus, droits ou tordus, chez certains on n'en devine que les contours, aucun ne se ressemble, je n'en aurai jamais fait le tour !
Nous sommes tous semblables, et pourtant si différents; Eux supportent les odeurs corporelles du haut... moi de plus bas. Pas au niveau des genoux, non, ni des pieds, heureusement ! Mais bon, je ne vous fais pas un dessin, certains feraient bien de ne pas autant se négliger au niveau du bassin. Eux voient chez les femmes les seins, et moi de mes congénères l'éventuel embonpoint.
Aux arrêts, lorsqu'ils montent ou descendent, ils jouent des coudes, moi des épaules. Je grimperais parfois bien sur les leurs, histoire d'y voir plus clair. Plus haut que toutes ces têtes qui me cachent la lumière et le nom des stations.
Certains ont une haute estime d'eux-mêmes, d'autres ne voient que leur nombril, d'autres encore ne m'arrivent pas aux chevilles. Parfois ce sont les mêmes.
Car la grandeur d'âme ne dépend pas forcément de la taille. Un exemple? Tous ont un point commun: leur regard me frôle, m'évite, et se porte plus loin. De moi, le nain.
Ce petit texte participe à l'atelier écriture proposé par le blog Bric à Book.
-
Commentaires
Un texte plein de profondeur qui se dégage de ce qu'induit la photo au premier abords: la vision de simples pieds. Malgré la taille de celui qui parle, avec tes mots on prend de la hauteur. Merci.
6TinouMardi 25 Mars 2014 à 10:32Impression de déjà vécu: quand j'étais gamine, je redoutais cette forêt anonyme, grise, étouffante qui m'interdisait de voir autre chose que ce qui était à ma hauteur. Ton texte (cru) traduit bien ce ressenti !@ Jacou : Et pourtant, je crois que j'aurais la même réaction que "les gens". Un réflexe?
@ Josette : Qui porte à réfléchir, oui, mais justement : éviter de regarder, ou porter son regard avec insistance? Où trouver un juste milieu...?
@ Mamido: Merci à toi pour le commentaire !
@ Leiloona : Merci ! Venant de toi (même si je ne connais de toi que ton blog), j'apprécie d'autant plus !
@ Stephie : Alors j'ai atteint mon objectif... Merci !
@ Tinou: Oui, au vu de la photo, j'ai hésité entre faire parler un chien, un enfant et un nain. Mais au final, l'angle de vue est à peu près le même, et la sensation d'étouffement vraisemblablement identique... Au fait: comment ça un texte "cru"? J'enrobe tout... ou presque...
Bisous
@ Saxaoul: Merci !
@ Ghislaine : Les odeurs, ça m'a permit une touche d'humour qui m'a fait rigoler toute seule en écrivant... (je suis pas seule dans ma tête, peut-être...)
Jolie chute, je m'attendais à un enfant pourtant je le trouvais éveillé. Belle observation en tout cas.
@ Jean-Charles : J'aurais pu aussi, mais justement, il n'aurait pas eu ces réflexions "crues". Merci pour le commentaire !
Très bien vu aussi le point de vue du nain. Je pense souvent aux gens de petites tailles (et pas seulement les nains), aux enfants dans leurs poussettes qui sont vraiment mal lotis en cas d'affluence dans les transports.
Beau texte en tout cas.
@ NAd : Oui, c'est aussi ce que dit Tinou dans un commentaire, plus haut: "une forêt anonyme, grise, étouffante"... Merci !
19TinouJeudi 27 Mars 2014 à 11:19A propos du texte "cru", tu as dit: "j'enrobe tout ou presque"...tout est dans le "presque" subliminal !!!!Coucou ! ça te dis un p'tit tag ?
http://mynameisor.blogspot.fr/2014/03/liebster-award.html#more
Ajouter un commentaire
Visions amères et réalistes sur la condition d'un être humain, différent. J'aime beaucoup ton texte. Très touchant.